«Il y a ici une personne. Il y a là-bas un âme et un cœur. Et sans âme et sans cœur, une personne n'est plus une personne. Il n'est plus une personne.» || Kilian.

«Il y a ici une personne. Il y a là-bas un âme et un cœur. Et sans âme et sans cœur, une personne n'est plus une personne. Il n'est plus une personne.» 

« » À demain mon cher. «

Une phrase. Quelque chose de simple. De formel. Parce que tu détestais ne pas être formelle avec tes clients. Ils devaient tous comprendre que tu étais avocate et que c’était toi qui méritais quelconques éloges si éloges devaient-y avoir. Parce que c’Était toi qui prenais le temps de les défendre et de prouver leurs innocences, peu importe dans quoi. C’était toi qui faisais valoir leurs droits, c’était donc toi qui devais avoir les compliments, peu importe lesquels et ils te devaient un respect. C’était aussi simple que cela. Et cela resterait toujours aussi simple, hors de question que les choses changent, tu refusais cela.

Après avoir dit au revoir à cet homme que tu défendais en ce moment, à cause d’une histoire trop ridicule à tes yeux, concernant un geste de violence, et une plainte, tu marchas dans les couloirs du tribunal sans trop savoir où aller, alors tu ne faisais que te promener sans réelles destinations prévues. En chemin, tu t’arrêtas à une machine à café et tu t’en prie un dans un de ses gobelets que tu avais toujours trouvé ridicule. Toi qui t’amusais à tout critiquer, aussi bien oralement que mentalement, sans aucun filtre parce que tu détestais ça, les filtres dans les paroles. Bien trop. Alors tu n’en avais pas. C’était si simple. Tout était toujours si simple.

Et pendant que tu marchais, tes pensées divaguaient. Et venait à cela les questions. Pourquoi vivais-tu ? Cela n’avait aucun sens, tu n’avais aucune raison de toujours être dans ce monde, et pourtant, tu avais cette fierté de montrer aux autres que ce monde t’acceptait, que tu avais autant le droit qu’eux de vivre, tu avais cet entêtement à poursuivre une vie qui n’avait décidément aucun sens à tes yeux, pour ne pas leur donner raison. Mais surtout pour ne pas donner raison à ton père qui avait décidé de dire que tu étais morte aux yeux de la famille, aux yeux de tous les Serty. Alors que les autres n’avaient jamais rien dit, alors que tu n’avais pas eu l’occasion de voir les autres, de leur parler.

À la simple pensée de ton père, tes yeux prirent une teinte plus sombre qu’à l’habitude et tes poings s’étaient serrés. Tu le détestais. Une haine incontrôlable te saisissait à la simple pensée de cet homme qui n’avait non pas privilégié la faction avant les liens du sang, mais complètement oublié les liens du sang pour se consacrer à sa faction de telle sorte que seule sa faction intéressait et que seuls les membres de la famille suffisamment forts pour être chez les Audacieux pouvaient être considérés comme des Serty à ses yeux. Tu fermas légèrement les yeux avant de les rouvrir.

Désormais, tu avais quelque chose à faire, quelque chose, une tâche, à accomplir. Tu devais voir. Savoir. Tu devais savoir si ta mère avait été du même avis que ton père, tu devais savoir ce que ton père avait raconté aux autres membres de ta famille, à ceux que tu avais connu pendant que tu étais petite, tu devais connaître la vérité. Et tu devais aussi savoir si ta mère était d’accord avec ton père ou si pour elle tu demeurais sa fille malgré tout. Tu tenais à savoir si ta mère était demeurée la compagne soumise à cet homme que tu ne supportais plus de regarder ou si elle s’était affirmée à la suite de tout ça et si elle, elle t’accepterait en tant que Sincère. Ou si pour elle aussi, la faction était devenue absolument tout et qu’il fallait être une Audacieuse pour avoir une valeur à ses yeux. Tout ça, tu devais le savoir.

Tes pas étaient décidés. Lourds. Pendant que tu quittais le quartier des Sincères pour te rendre là où tu savais aller. Parce que tu avais souvent accomplis le voyage avec tes parents. Tu t’y rendis. Sans aucune considération envers les gens qui t’entouraient. Tu t’y rendis le plus rapidement possible, tu ne souhaitais pas prendre ton temps, tu détestais prendre ton temps. Et tu finis par t’y rendre. Tu laissas tomber ton gobelet de café dans lequel tu n’avais rien bu dans une poubelle avant de t’approcher ce lieu où tu étais déjà allée auparavant. La Fête Foraine abandonnée. Et soudain, une tristesse imparable te tomba dessus. Tu te laissas choir sur le sol, sans précaution, tu ne ressentais rien de toute évidence. Et puis une larme coula. Qui étais-tu ? Personne. Ici, tu n’étais personne. Là-bas non plus. Nulle part tout compte fait, tu étais personne nulle part et cela voulait-il dire que tu n’étais simplement personne ? Tu en avais peur. Tu voulais être quelqu’un. Tu le voulais tant.

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