Night Changes || Killian Hooper

Jour 5

Je gratte les cordes de ma guitare. La porte d'entrée claque, Nathan vient de partir. Il est environ quatre heures de l'après-midi, et nous avons terminé notre répétition. Chacun de nous allait faire une représentation ce soir, et nous nous étions dit que nous pourrions apporter des conseils à l'autre. Il était arrivé tôt dans la matinée, si tôt qu'il m'avait réveillé. Avec la courte nuit que j'avais eu, je l'ai un peu envoyé balader. Alors en attendant que je daigne le rejoindre, il m'avait gentiment préparé mon petit déjeuné. Il avait ajouté une dose de sérum dans mon pain, pour me calmer probablement. Après le mail que je lui avait envoyé la veille, il avait bien comprit que je n'allais pas être d'humeur. Et quand, les yeux bouffis et l'esprit encore dans le flou, j'avais vu sa petite attention, j'ai de suite été apaisé. Il sait toujours comment faire pour me rendre le sourire, je ne le remercierait jamais assez pour cela. Nous avions donc passés la matinée à s'entraîner, plus ou moins ensemble. Puis est venu le repas, et c'était à mon tour de cuisiner pour le remercier. Et jusqu'à maintenant, je jouais tandis que lui chantait. Mais la Cérémonie du Passage commençait aux alentours de dix-neuve heure, il a fallut donc se séparer pour se préparer chacun de son côté. Nous nous retrouverons là-bas ce soir, à un moment ou un autre.

Je soupire, j'ai peur de m'y rendre. Après avoir discuté toute la nuit avec Killian, j'ai la boule au ventre. Je crains de le revoir, alors que je semblais si excité la veille. Mais son dernier message avait été bien trop froid pour que je sois aussi hâtif qu'avant. J'ai encore trois heures pour m"y rendre, trois heure pour décompresser. Je dépose alors l'instrument dans son étui, et me dirige vers la salle de bain. J'allume la lumière et me fait couler un bain, avec une eau bien chaude. Je me regarde un instant dans le miroir. Il faudra au moins que je sois présentable, je veux lui faire bonne impression. Et me faire pardonner de je ne sais quelle bêtise j'avais faite. Je me déshabille, et me retrouve rapidement nu. Alors je me glisse dans l'eau, et pose ma tête sur le rebord. J'actionne la petite radio à côté de moi, et écoute la cassette à l'intérieur. Ce sont des compositions que nous avons faites avec Nathan, parfois nous jouons en duo, parfois il chante. J'écoute sa voix que je connais par cœur, mais je ne parviens pas à me détendre. Je regarde alors la clé USB posée à côté, et avec un petit sourire la branche à la radio. La voix de Killian s'élève dans la salle de bain. Il s'agit de l'extrait qu'il m'a envoyé, et que j'ai écouté pour parvenir à m'endormir cette nuit. Rien qu'à l'entendre, je me sens mieux. Je ferme les yeux, et me laisse porter. Je ne l'ai pas dit à Nathan, mais je préfère la voix de Killian à la sienne. Mon cœur bat plus vite et mon estomac se tord jusqu'à me faire mal. Il fait palpiter mes veines sous ma peau et m'envoie de légers frissons rien qu'en chantant. Je l'imagine devant moi, à me regarder avec ses grands yeux verts. Je ne veux pas le perdre déjà.

J'ajuste correctement la veste de mon costume. Je redresse mon noeud papillon et glisse ma chemise dans mon pantalon. Je ferme les yeux et souffle un coup pour me détendre. Tout ce passera bien. Killian n'est pas un monstre, il ne m'agressera pas dès qu'il me verra. Il est un Fraternel également après tout. Le pardon fait parti de notre devise. Je passe ma main dans les cheveux pour faire un effet coiffé-décoiffé, et sors de la salle de bain. Je prend le masque sur la commode et le dépose sur mon visage. Je regarde l'heure sur la grande horloge, et remarque qu'il est temps de partir. Je prend donc mon étui à guitare dans lequel j'ai glissé mes partitions, et me décide enfin à quitter la maison. Ce genre de fête est fait pour s'amuser, rien ne doit venir gâcher la soirée.

Lorsque j'arrive dans les grands jardins, aménagés spécialement pour l'occasion, je vois qu'un monde fou est déjà arrivé. Des centaines de lanternes éclairent l'allée principale, et je peux voir que les Fraternels sont nombreux à se diriger vers la scène en contre-bas. Les petits nouveaux ont dû arriver plus tôt dans la journée, et les véritables festivités peuvent commencer. Je me faufile dans la foule, pour atteindre les coulisses du spectacle. Un groupe a déjà commencé un numéro, de la gymnastique il me semble. J'entre alors dans la loge réservés aux chanteurs et musiciens. Je pose ma guitare près des affaires de Nathan que je reconnais. Je sors ma bouteille d'eau et bois quelques gorgées, j'ai déjà chaud. Je passe une main sur mon front pour essuyer les quelques perles de sueurs, et sors de la pièce. Je regarde un peu partout, il n'y a personne. Ils doivent tous regarder les numéros, ou se préparer pour les leurs. Je ne passe pas avant au moins une heure, j'ai donc le temps de pouvoir regarder quelques passages. Je rejoins donc les spectateurs, et me glisse dans le premier rang.

Les gymnastes terminent, et laisse la scène libre. Ils étaient plutôt impressionnants, jamais je n'aurais osé une de leurs figure, mais c'est une question d'entraînement je suppose. J'ai réussit à me faufiler juste devant l'estrade, et je prend appui sur la barrière séparant le public de la petite scène. Les gens s'agitent autour de moi en attendant le suivant, et je cherche Nathan du regard. J'ai peur de tomber sur Killian, et s'il est près de moi je me sentirais mieux. Et tandis que mes yeux se perdent dans la foule, une voix me ramène à la scène. Une voix qui me prend par les tripes. Et tandis qu'il commence à chanter, je croise le regard de Killian. Et je reste incapable de me détacher de ses yeux.

Mon cœur bat la chamade, presque à m'en faire mal. Il est là devant moi, dressé sur la scène. Je lève les yeux, impuissant devant toute sa beauté. Il est incroyable, sans même avoir commencé. Déjà, dans sa blouse de soigneur et professionnel, j'avais remarqué son charme. Mais ce n'est plus du charme qu'il a à cet instant. Ce n'est même pas une simple beauté. Il est méconnaissable. Il est éblouissant, angélique. Je ne peux même dire qu'il est séduisant, il est complètement désirable. Tout mon corps n'est tourné que vers lui. La bouche entrouverte et les yeux rivés sur sa splendeur, je ne remarque pas de suite qu'il me regarde. Que ses prunelles émeraudes, si splendides, sont intensément braqués sur moi. Je crois même que je rougis. Derrière son masque, il est mystérieux, ténébreux. Sa chevelure bouclée lui tombe sur les épaules, et je donnerais tout pour y glisser mes mains. Et là, je sens mon cœur ouvrir ses ailes et s'envoler. Je ne crois pas avoir vu un sourire si éclatant de toute ma vie. Le sol s'ouvre sous mes pieds, je chute. Mon palpitant rate un battement. Et la seule chose que je parviens à faire, c'est lui rendre ce sourire, gonflant mon cœur d'un sentiment inconnu, mais au combien puissant. Je crois même que mes yeux brillent. Il m'a envoûté.

J'entend la musique démarrer, et les premières notes s'échappent de la bouche de Killian. Et là, c'est l'explosion. Sa voix sur un enregistrement n'est rien à côté de la réalité. Elle envahit mon corps d'une douce chaleur, et chaque parole me transperce le coeur. Il s'agit de ce genre de douleur insoutenable. Celle qui vous tord l'estomac, à tel point que vous pourriez tomber à genou. Mais vous ne voulez pas la laisser s'échapper. C'est un besoin, une vague de bonheur destructrice. Elle devient vitale, et une fois qu'elle entre en vous, vous ne voulez plus la laisser partir. Non Killian, je ne te laisserais pas partir.

Alors il prononce ses derniers mots, d'une douceur que je ne lui connaissait pas encore. Approche sensuellement ses lèvres du micro. Mon souffle s'accélère, je ne l'ai pas lâché du regard de toute sa représentation. Je suis en suspension, attendant de le rejoindre. Et qu'il les prononce une nouvelle fois. Pour moi.

▬ Don't let me go ... 'Cause i'm tired of sleeping alone.

Et des applaudissement retentissent. Je crois être trop chambouler pour rejoindre la joie du public. Mais je suis son premier admirateur. Et quand il quitte la scène, mon cœur se compresse. Je dois aller le voir. Je n'ai plus de craintes, plus de doutes. Ce sourire irrésistible m'était adressé, alors je n'ai rien à perdre. Je passe par dessus la barrière, et malgré les protestations de certains spectateurs, me hurlant que je n'avais rien à faire là, je les ignore. Si l'on me demande, je n'aurais qu'à dire que moi aussi je fais partis des "artistes" de ce soir. Alors je cours presque vers les coulisses. Je le cherche du regard, le cœur manquant de me déchirer la poitrine. Je ne comprend pas toutes ces sensations, mais elles sont bien présentes. J'ai besoin de le voir, de lui parler. Je veux le voir me regarder, plus intense encore que jusqu'à présent. Je veux plus. Plus que de simples mails. Mais je ne sais pas encore jusqu'où je veux aller. Quelle limite je veux m'imposer. Et tandis que je prie pour qu'il me cherche également, je le vois. Droit devant, ses yeux incroyables rivés sur les miens.

▬ Killian.

Je m'approche, ne le quittant pas du regard. Mais quand je suis à quelques centimètres de lui, je me bloque. Je sens presque son souffle se mêler au mien. Aucun mot ne sors de ma bouche, mon corps ne veut faire aucun geste. Je suis pétrifié. Je n'ai jamais ressenti ça, je n'ai jamais eu de problème pour aller vers les autres. Mais lui, il me fait un effet tout autre. Je me sens vulnérable, à sa merci. Il m'a enchaîné à lui à l'instant où il a déposé son regard de braise sur moi, il y a trois jours de cela.

Je parviens enfin à parler, mais j'ai les joues rougies par la gêne. Je voudrais presque lui sauter dans les bras, lui dire à quel point il a été formidable, qu'il m'a éblouit. Mais je reste là, presque figé, à me tripoter les doigts pour me donner une contenance. Je n'arrive même plus à le regarder. Mes pieds sont moins intéressants, mais eux au moins ne me feront pas défaillir.

▬  Je... je tenais à te féliciter. Tu as assuré, je crois que le public est enchanté.

Je n'arrive toujours pas à reporter mes yeux sur les siens, de peur de ne pas pouvoir me contenir, de ne plus avoir de contrôle. Alors j'attend, le cœur manquant d'imploser. Je suis sur le point de chavirer. Il est devenu cette lumière, ma lumière.

Je n'ose pas relever les yeux, j'ai peur de sa réaction. Et si son sourire sur scène n'était pas pour moi ? S'il partageait juste sa joie avec tout le public ? J'aurais dû réfléchir avant d'aller le retrouver. Son dernier message avait été très explicite, il n'attendait rien de moi. Et moi j'attendais bien trop de lui. Je ne comprend pas comment c'est possible, pourquoi il m'attire à ce point. En seulement, uniquement trois jours. Ce n'est pas cette sensation qui s’empare de moi habituellement. L'envie sauvage de quelqu'un, de n'en faire qu'une bouchée. De désirer un corps, non parce qu'il est beau, mais parce qu'il est simplement bestialement excitant. Presque... pornographique ? Mais pas Killian. Il n'a pas ce désir sale sur lui. Je n'ai pas envie d'en faire une simple proie, de celle que l'on oublie rapidement. Il n'éveille pas seulement mon corps, mais fait battre mon cœur. Il me fait découvrir des émotions inconnues. Je ne comprend pas ce qui m'arrive, mais c'est envoûtant. Il me déstabilise, mais je cesse de m'évertuer à combattre ce sentiment. Je relève alors lentement les yeux. Je le veux.

Et là, c'est l'apothéose. Je sens ses bras se resserrer autour de moi, dans une brève étreinte. Mais au combien surprenante. Je sens sa chaleur se diffuser dans mes veines, des milliers de petits frissons se répandre dans mon corps. Je n'ose pas l'enserrer à mon tour. Je suppose que c'est ça façon de me dire bonjour, ne sommes-nous pas chez les Fraternels ? Je reste hébété, incapable de faire un geste. Je voudrais le prendre à mon tour dans les bras, et ne surtout pas le lâcher. Lui faire comprendre qu'une amitié n'est pas envisageable. Que tout mon être l’appelle, qu'il devienne mon essentiel. Mais je le laisse s'éloigner, et mon cœur se resserre. Je suis un incapable, il m'échappe, encore. Alors je reste à le fixer, sans savoir comment réagir.

▬ Je .. Désolé, et merci...

Il passe une main dans ses cheveux. J'ai déjà vu un millier de fois Ethan le faire. Je lui disais même qu'il était chou quand il le faisait. Mais Killian est une infinie de fois plus adorable. Je vois qu'il est gêné, ça me réchauffe le cœur. Je voudrais l'enlacer de nouveau, lui montrer que cela ne m'a aucunement dérangé, bien au contraire. Je recommencerais avec joie, chaque jour s'il le faut. Alors je lui souris doucement, l'incitant à reprendre.

▬ ...Merci d'être là.

Je fond. Comment fait-il pour me faire perdre tous mes moyens à ce point ? Il m'est tombé dessus sans crier gare, et il continue de m'écraser sous le poids des émotions. Je tente de me ressaisir, il ne doit pas voir que je suis touché. Je lui fait mon plus beau sourire, celui dessinant de larges fossettes sur mes joues, et de petits plis sous mes yeux. Raté, il va comprendre que j'ai aimé son étreinte. Mais peut être cela me donnera le droit d'avoir un autre câlin ? C'est beau de rêver mon cher Jules.

▬ Ne t'avais-je pas affirmé que je me tiendrais au premier rang ?

Après avoir eu droit à cet extrait hier soir, c'était inévitable. Je le soupçonne d'avoir fait exprès, de me l'envoyer pour m'inciter à venir. Mais une fois encore je me fais des films. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête. J'ai trop d'espoir. Il me perd, un jour il me parle froidement, un autre il m'enlace. Peut être que ce n'est pas moi qui devient fou. C'est lui qui est bipolaire. Quel idiot, je n'ai pas le droit de penser ça. J'ai seulement dû faire quelque chose qui l'a froissé. Alors pourquoi cette étreinte ? Suis-je pardonné ? Le fait que je sois venu l'a peut être rassuré. Je lui avait promis, j'allais venir. Malgré mes craintes, je ne pouvais pas le rater. Voir ses yeux, ses boucles, entendre sa voix, je ne pouvais manquer cela pour rien au monde.

▬  Je tiens toujours mes promesses.

Je souris timidement. J'espère que lui même tiendra la sienne. Qu'il assistera à mon propre numéro. Même si cela me donne le trac, j'ai besoin de le voir, au premier rang à son tour. De me rendre ce que je viens de lui donner. De me rendre mon sourire. De me donner du courage. De me donner l'espoir.

Il me sourit à son tour, doucement et timidement. Comme il est craquant. Je crois m'être fait un millier de fois la remarque ces derniers jours. Mais je crois que, lorsqu'une personne vous plaît au delà du raisonnable, vous n'êtes plus vraiment sain d'esprit. Vos pensées tournent autour d'un seul être, jusqu'à en perdre la tête. Je crois qu'il m'a fait perdre la tête. D'une façon inexplicable. Je ne peux même pas y mettre des mots. Il est là, devant moi, et je veux tellement plus. Mais je reste impassible. Je ne sait même pas s'il est gay. C'est vrai, quelles sont mes chances pour que cet homme, non que dis-je, cet Apollon, soit également attiré par moi ? Oh, je ne me suis jamais plains de mon physique. Je sais que je suis plutôt beau garçon. Mais comparé à Killian, je suis un véritable laideron. Lui a tout pour lui, et j'ai suffisamment de défauts pour qu'il ne soit pas intéressé. Alors pourquoi j'ai encore le coeur qui palpite quand il me regarde, et ces frissons quand j'entend sa voix ? On appelle ça l'espoir, je crois.

▬ 21.

Je fronce les sourcils. Ce n'est pas une réponse ça, 21. Ma théorie de la bipolarité se révèle peut être vraie, en fin de compte. Ou bien est-ce un message caché, une sorte de code et je suis trop stupide pour comprendre. En même temps, personne ne dit 21 comme ça. Il me rend peut être un peu inepte, mais il ne fait pas beaucoup d'effort pour m'aider. Et je crois que ma perplexité se lit sur mon visage. Il va me prendre pour un abruti. Mes chances vont être terriblement réduite. Lui est intelligent, cultivé. Qui voudrait d'un retardé mental comme moi ? Je me met une claque mentale. Je ne suis pas bête, peut être un peu long à la réaction, mais pas bête. Alors j'arrête d'être aveuglé par ce regard fascinant et je me met enfin à réfléchir. De quoi avons-nous parlé, pour qu'il en vienne à me parler ainsi comme si j'étais capable de comprendre. Et mon regard s'illumine.

Si tu n'as pas trouvé d'ici la fête, je te le dirais lorsque nous nous verrons face à face. Mon cœur fait un bond. Finalement, il s'en est souvenu. Et moi je suis trop hypnotisé par son sourire pour le comprendre. Il a tenu sa promesse à son tour, et mon sourire se fait grand. Il me rend fou.

▬ Je n'étais pas si loin.

Je sens un silence gênant. Je réalise alors qu'en fait, nous ne savons rien de l'autre. Nous n'avons pas de sujet de conversation. Nous ne demandions que la découverte, et nous restons plantés l'un en face de l'autre. Je me dandine sur place. Au fond de moi, je cherche la dernière fois que j'ai senti un tel malaise avec une personne attirante. Jamais, en fait. J'avais toujours ma langue fourré dans la bouche de quelqu'un. Je ne prenais pas le temps d'apprendre à connaître cette personne. Parce que je m'en fichais. Je voulais simplement m'amuser, pas m'attacher. Mais Killian est différent. Je ne peux pas combler ce silence en plaquant mes lèvres sur les siennes. Ce serait indécent, et irrespectueux. Même si je sais que j'en ai envie. Je ne peux pas le cacher, ses lèvres pulpeuses sont irrésistiblement attirantes. Alors je me racle la gorge, et trouve vite quoi dire avant que mes envies ne prennent le pas sur ma raison.

▬  Je ne commence que dans une heure, que dirais-tu d'aller sous le chapiteau là-bas ? Ils ont des petits fours et de la bonne musique.

Des petits fours. Si là, tu voulais éviter de lui faire part de ton penchant gay, c'est réussit Jules. Personne ne dit petits fours. Hormi ma grand mère, peut être. Et les gars efféminés. J'utilise souvent des expressions démodées, et Nathan ne manque jamais de s'en moquer. J'suis pas jeune dans ma tête qu'il dit. Je suis ravis que Killian le découvre à son tour. Je mériterais une bonne claque.

Je sens mon cœur cesser de battre. Je reste immobile, tandis que son corps se rapproche dangereusement du mien. S'il fait un pas de plus, je ne vais pas résister. Je serre les poings pour calmer ma respiration, et tenter de réguler doucement mon pouls. Je le sens se pencher contre mon oreille, et son souffle vient chatouiller ma nuque. Je ressens des dizaines et des dizaines de décharges dans le dos, manquant de me faire tomber à la renverse. Je déglutis quand il entrouvre les lèvres, et murmure sensuellement à mes oreilles.

▬ Je les appelle de la même manière.

Mon souffle se coupe, je me sens défaillir. Il va me tuer un jour, à force de jouer comme ça avec mes émotions. Je le soupçonne même d'avoir remarqué à quel point j'étais fragile face à lui, et de s'en servir à mon insu. Mais il le fait d'une façon voluptueuse que je ne lui en veux pas. Mon cœur finira par s'arrêter, mais mourir de cette façon est le meilleur des trépas.

Il s'éloigne doucement, me laissant peu à peu me remettre de mes émotions. Je redresse la tête pour ne pas qu'il remarque mon embarra, mais je ne peux m'empêcher de lui sourire une nouvelle fois. Je crois qu'il va connaître l'emplacement exact de chacune de mes dents à force, mais lui sourire à lui n'a jamais été aussi bon. Il me procure de divines sensation, rien que parce que c'est lui qui me le provoque. Parce qu'il gonfle mon cœur, et que je ne demande qu'à ce qu'il le fasse exploser. Ce qu'il manque de faire quand je vois sa main tendue vers moi. J'entrouvre la bouche, cherchant mes mots. A la place je le regarde dans les yeux, attendant sa propre réponse.

▬ Tu viens ? Il ne restera plus rien si on ne part pas maintenant.

Je me mord une lèvre, il est absolument adorable. Je commence à retrouver espoir, personne ne tend ainsi la main à un... inconnu sans avoir quelques intentions. Car oui, au fond nous sommes des inconnus. Nous ne nous connaissons que depuis trois jours, et c'est la deuxième fois que l'on se voit. Nous ne savons techniquement rien de l'autre si ce n'est quelques faits. Alors se geste, qui paraissait si tendre venant de Killian, me tord l'estomac de bonheur. Et sans attendre un instant, je la lui attrape, et y enlace mes doigts malgré moi.

Nous quittons les coulisses ainsi, main dans la main. Je n'ose même pas le regarder, sinon il verrait que je suis rouge pivoine. J'espère simplement qu'il ne me regarde pas du coin des yeux, sinon je serais immédiatement grillé. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Cette sensation de sa main dans la mienne est si intense, mais cela avait eu l'air si spontané de sa part. Je me demande s'il ressent les mêmes frissons que moi. Cette même chaleur lui parcourir le corps, jusqu'à se demander si l'on ne va pas s'effondrer sous cette ardeur corporelle. Mes doigts me picotent et mon bras est raide. Je ne m'étais pas senti si vulnérable depuis trois ans. J'ai l'impression de redevenir un adolescent lors de son premier flirt. Parce que c'est ça, nous flirtons.

Nous dépassons la scène et arrivons sous le grand chapiteau sans avoir prononcé un mot. Je ne sais pas s'il y avait de la gêne, mais au fond se silence était apaisant. Comme si sa présence seule suffisait pour me rasséréner. L'endroit est empli de monde, mais il est facile de circuler sans trop se faire bousculer. Je conduis immédiatement Killian vers le buffet, le tirant par le bras. Je ne suis plus aussi rouge, sa main dans la mienne me semble naturel, presque évident. j'en oubli presque que c'est nouveau, et que nous sommes censés être gênés. Arrivés devant les nombreux plateaux, je ne le lâche toujours pas. Je veux qu'il reste près de moi, et qu'il n'aille pas dire bonjour à quelqu'un qu'il pourrait reconnaître plus loin. Je prend quelques minis pizzas, des petits pain au sérum et quelques toasts. Je ne regarde pas ce que Killian fait, mais je suppose qu'il mange également. Mon estomac prend le dessus, mais tant que je sens ses doigts entrelacés aux miens, je ne m'en fais pas. C'est là que je vois des minis-tartes, à l'apparence douteuse. Je fais un grand sourire, parce que je les reconnais pour en avoir manger un paquet de fois. C'est une des recettes de Nathan, qui peuvent prêter à confusion. J'en attrape une et la tend à Killian, lui souriant jusqu'aux fossettes.

▬ Tiens, goûte ça. C'est un peu particulier mais, j'aime bien. C'est un ami qui les a faites, il faut s'habituer au goût au début.

Je la lui tend, et il la prend dans la main. Je m'en prend un à mon tour, et j'ai les yeux qui pétillent. Ainsi, je suis heureux. Je croque dans la tartelette à pleine dents, tout en regardant la piste. De nombreuses personnes y dansent, et la musique est entraînante. Toutes les personnes sont masquées, si bien que je ne met aucun nom sur les visages. Je n’aperçois pas non plus Nathan, qui doit se préparer pour son propre numéro. Alors la musique change, plus douce, plus sensuelle. Je la connais par coeur, pour l'avoir jouée maintes fois à la guitare avec mon meilleur ami. C'est une de nos favorites. Alors quand j'entends les premières notes, mon regard s'illumine, et je regarde à nouveau Killian. Je jubile presque.

▬  Oh, j'adore cette musique !

Musique sur laquelle ils dansent.

Je le regarde, les yeux pétillants. Mais lui semble plus morose. J'en perd mon sourire, et je l'observe avec incompréhension. Ai-je fais quelque chose de mal ? Il a l'air tendu, et il ne semble pas oser me regarder. Je cherche à capter ses yeux, et lui faire de petits sourires. Il ne peut pas ainsi perdre le moral, alors que la soirée commence si parfaitement. Mais il me parle tout de même, bien que je sens que son ton est sans réelle conviction.

▬  Elle est pas mal, c'est vrai.

Je fronce les sourcils. Pas mal ? On peut dire d'un vêtement qu'il n'est pas mal. On peut répondre que notre journée n'était pas mal. On peut même avouer qu'un bouquin était pas mal. Mais c'est insulter cette musique que de dire ceci. Je croise les bras, il n'est pas dans son état normal et ça ce voit. Et je n'ai pas l'intention de passer une mauvaise soirée. Or j'ai décidé que je la passerais en sa compagnie, alors il a intérêt à vite me rendre ce merveilleux sourire. Je me racle la gorge, afin attirer son attention. Quand je vois qu'il daigne me regarder, je lui fait un grand sourire. Alors je lève le bras, et le lui tend. Je me baisse légèrement, tout en continuant de le regarder. Mon autre bras passe dans mon dos, et avec une voix sérieuse et quelque peu sensuelle, je l'invite.

▬ Monsieur Hooper, voudriez vous bien m'accorder cette danse ?

Je me redresse et attrape délicatement son bras passé dans le mien, et l'entraîne vers la piste. Je me place face à lui, et lui tend la main. Je nous positionne, et plonge mon regard dans le sien. Ma main dans la sienne me provoque une chaleur intense, et mon bras sur sa taille m'envois de délicieux frissons. Il est à peine plus grand que moi, et ça me convient parfaitement. Je me déplace doucement, en harmonie avec la musique. Je crois que je rougis. Je me mord doucement la lèvre pour me ressaisir. Je détache mes yeux des siens avant de ne plus pouvoir m'en détacher, et je vois qu'il est toujours tendu. Je souris doucement, comme pour l'inciter à s'apaiser.

▬  Détends toi Killian. Ferme les yeux, et laisse moi guider tes pas.

Je me rapproche de lui, de façon à ne plus pouvoir le regarder, mais seulement voir par dessus son épaule. Peut être est-ce ça, ne veut-il pas que je le regarde. Qu'il veut pouvoir se ressaisir sans avoir à supporter mes yeux dans les siens. Je ne sais pas ce qui l'a mit dans cet état, mais je le laisse se reprendre seul, sans le quitter pour autant. Je baisse les yeux sur son épaule, et me pince les lèvres. Je veux m'approcher encore plus, mais je ne sais pas si j'oserais. Je veux le sentir contre moi, et danser jusqu'à m'évader, me laisser emporter par la musique et par la douceur de son corps. Alors je pose délicatement la tête sur son épaule, tournée vers son torse. Je ne le regarde toujours pas, mais je le sens.

Et tout est plus intense. La musique me berce paisiblement, et nos pieds nous guident sans que l'on ne s'en rende compte. Je suis collé à lui, si bien que je sens nos chaleurs se mélanger, ne faire qu'une. Mon cœur bat en rythme avec le sien, comme s'ils étaient faits pour se compléter. Je ferme les yeux, pour mieux sentir toutes ces vagues de sensations. Je suis dans ses bras, et je ne m'étais jamais senti aussi bien, autant à ma place. Parce que c'est évident. Killian est mon évidence.

Nos pas ralentissent, et les notes se terminent. La chanson suivante démarre, et je me détache difficilement de Killian. J'aurais aimé resté contre lui plus longtemps, mais il faut savoir profiter de ces rares instants. Je lui souris, évitant cependant de croiser son regard. Je crois que je suis trop gêné, je ne veux pas qu'il le lise dans les yeux. Je plonge ma main dans la poche de mon costume, et en sors ma montre à gousset achetée récemment. C'est un objet ancien, délicatement réalisé. Je l'ouvre pour regarder l'heure. Malgré moi, je vais devoir y aller, je joue bientôt. Je pousse un léger soupir, essayant de le faire passer inaperçu. Je ne veux pas le quitter.

▬ Je passe dans une dizaine de minutes.

Représentation de Jules.

Je range ma montre à sa place, et relève les yeux vers Killian. Je vais devoir le laisser là, et le cœur n'y est pas. Je veux me retrouver de nouveau contre lui, qu'il me serre dans ses bras. Danser jusqu'au bout de la nuit. Mais retour à la réalité. Il a sûrement comprit que nous devions nous séparer, et au plus profond de moi, j'espère qu'il est également déçu. Je réprime un frisson quand je le sens de nouveau s'approcher et murmurer près de mon oreille. Je ne m'en lasserais jamais.

▬  Je vais te laisser aller te préparer alors, je serais là, au premier rang à t'attendre.

Je rougis encore sous mon masque. Il me l'avait promit, alors je devais m'y attendre, mais qu'il me confirme sa présence lors de ma représentation me réchauffe le cœur. Je baisse les yeux et me mord la lèvre, gêné. J'essaye de parler, mais ça ressemble plus à du charabias. Je pense que près de lui, je n'aurais bientôt plus de fierté.

▬ A... A tout à l'heure, alors.

Je me gratte la tête et me retourne. Je manque de percuter quelqu'un, et je regarde partout pour retrouver mon chemin. Je suis légèrement perturbé, j'espère que Killian ne me voit pas en train de faire le guignol. Je me redresse et avec un air sérieux, je m'éloigne. J'ai l'air d'un robot tant mes gestes ne sont pas naturels. Il doit me trouver pathétique. Mais il me rend pathétique.

Je m'éloigne prestement du chapiteau, et retrouve vite la route vers les coulisses. Je dois avoir l'air pressé, car les gens s'écartent sur mon passage avant que je ne les bouscule. Je suis tellement nerveux que j'en ai les mains moites. Pourtant ce n'est pas la première fois que je joue devant un public. La présence seule de Killian me stresse. Il pourrait être seul devant moi que ça me ferait le même effet. J'ai peur de me tromper, et de me ridiculiser face à lui. Qu'il me trouve si nul que finalement, il quitte le concert. Et qu'il aille s'amuser avec un autre. Je chasse cette idée de ma tête. Il m'a promit. Alors je prend la direction des coulisses, où j'arrive enfin. J'y croise Nathan, et nous échangeons rapidement, plus pour se donner du courage. Lui passera après moi, alors je ne pourrais pas lui apporter mon soutien avant. Je vais chercher ma guitare, et bois une gorgée d'eau. Je me dirige vers la scène, et attend que la fille me précédant termine. Je souffle un bon coup et ferme les yeux. Tout ce passera bien. J'entend les applaudissements, et je c'est que c'est mon tour. J'affiche un magnifique sourire du mieux que je peux, et j'arrive sur l'estrade. Je ne cherche pas à savoir s'il est là, je serais trop déstabilisé si je croise son regard. Je m'avance vers le micro et me présente. Pour avoir répété un paquet de fois avec Nathan, je sais comment m'y prendre.

▬  Bonsoir tout le monde. Heum, alors je suis Jules, et je vais vous faire part d'une de mes compositions à la guitare. Elle se nomme Night Changes.

Je passe ma langue sur mes lèvres et baisse les yeux vers ma guitare. Dans ma tête, je compte le départ. 1, 2, 3. Et mes mains débutent avec un naturel fou cette musique qui m'inspire tant. Je tape du pied pour me donner un tempo. Et quand je suis enfin à l'aise, je relève les yeux. La mélodie me porte, et je me sens en harmonie avec elle. Elle m'habite. Alors je suis heureux, heureux de jouer. Je comprend pourquoi Nathan a choisi de vivre de sa musique, il n'y a rien de plus fascinant. C'est une sensation unique. Je souris encore plus, et regarde joyeusement le public tout en grattant les cordes. Alors je croise son regard. Étincelant, puissant. Ce n'est pas ce que je pensais. Je ne rate pas une note, je ne me sens pas mourir de honte face à lui. Je sens l'adrénaline en moi, une force inconnue. Je joue mieux encore, inspiré par ses yeux intenses. Alors je lui rend son regard. Regard plein d'espoir.

Je termine, le public applaudit. Je ne sais pas s'il a aimé, et je m'en fiche. Je ne veux avoir l'avis que de Killian. Seul lui a compté. Je m'empresse tout de même de m'emparer du micro pour remercier la foule, et je quitte l'estrade. Je rejoins les coulisses, mais je n'ose pas sortir. La peur revient, l'énergie repart. Je ne sais pas comment réagir, si je dois aller le voir. Alors je m'appuis dos au mur, et je me sens mal. J'ai la boule au ventre. J'espère qu'il viendra, parce que je ne peux pas faire un pas de plus. Je suis terrorisé de sa réaction. Parce qu'elle est trop importante. Parce que c'est lui.

Je suis terriblement anxieux. Je frotte mes mains contre mon pantalon pour éviter qu'elles ne deviennent moites une nouvelle fois. Je m'oblige à inspirer et expirer doucement pour garder mon calme. Je ne comprend pas pourquoi l'avis de Killian m'importe autant. Et surtout pourquoi j'ai peur de le retrouver. Je ferme les yeux, essayant de me ressaisir. J'ai passé toute la soirée avec lui, pourquoi devrais-je être plus nerveux maintenant. Je rouvre les yeux quand j'entend un bruit de pas s'approcher. Je tourne la tête et je le vois. Il s'arrête un instant pour me regarder, et j'ai la peur au ventre. J'espère qu'il ne va pas faire demi-tour, je veux qu'il vienne me voir. Je veux l'avoir près de moi, être contre lui, comme lors de cette danse. Je le veux d'une manière incontrôlable. Alors je lui souris timidement, avec espoir qu'il approche. Ce qu'il fait, mais je n'aurais pas espéré autant. Il est dangereusement proche, à tel point que je sens son souffle chaud se mélanger au mien. Il m'impose son regard, il me fait tourner la tête rien qu'en plantant ses yeux fantastiques dans les miens. Je respire lentement, presque à m'en couper le souffle. Je suis coincé entre le mur et lui, je ne peux pas m'échapper. Mais je ne veux pas m'échapper.

▬   C'était parfait.

Mon cœur rate un battement. Sa voix est sensuelle, presque érotique. Je me mord doucement la lèvre, le regardant timidement. Il est si beau, c'en est déroutant. Sa bouche pulpeuse semble douce et tendre, incroyablement attirante. Son parfum m'enivre, ma mâchoire se contracte sous le désir. Parce que je ne peux pas m'empêcher de le vouloir contre moi, et de réduire le peu d'espace nous séparant encore. Je veux sentir ses mains dans ma nuque, et passer mes doigts dans ses cheveux. M'imprégner de sa chaleur, sentir mon cœur s'affoler en refermant mes lèvres sur les siennes. Je m'éloigne doucement du mur et me rapproche. Nos nez se frôlent, et je sens une vague d'envie envahir mon corps. Ma respiration s'arrête, et je lève la main vers sa taille pour l'attirer à moi. Alors dans un même élan, je ferme les yeux et emprisonne ses lèvres avec les miennes.

Une explosion brûlante pénètre mon corps. Mon estomac se tord délicieusement. J'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau, et je me sens emporté dans un sentiment d'euphorie intense. Je n'ai jamais senti un baiser si intense et passionné. Je le tient contre moi, les mains sur ses hanches. Ma sensibilité est exacerbée, tout est démultiplié. Sa bouche est délicate, voluptueuse et me rend fiévreux. Je n'avais jamais sentit des lèvres si désirables, j'en veux encore plus. Je veux les sentir sur tout mon corps, me brûlant délicieusement sous leur contact. Je me sens bouillonnant, je ne veux pas arrêter de l'embrasser. Jamais je n'aurais cru qu'un simple baiser pouvait me faire autant d'effet. Rien n'est brutal ou animal, c'est d'une douceur et tendresse sans égal. Je voudrais que  le temps s'arrête, et nous laisse figé ainsi pour l'éternité. Je ne veux plus être ailleurs. Ses lèvres ont terminées de m'enchaîner à lui.

Mais je me détache. Parce que c'était probablement inconvenant, et très inattendu. Je me recule doucement pourtant, je ne veux pas briser cette magie en étant trop brusque. Je baisse les yeux, et passe une main dans les cheveux. Je ne sais pas comment réagir. Ce qu'il faut faire d'un après-baiser. L'embrasser avait été naturel, une pulsion incontrôlable. D'ordinaire je ne m'y prenait pas ainsi. Mais il me rend fou. Je tente quelques mots, mais je ne suis pas sûr que ce soit parfaitement compréhensible.

▬  Je... excuses-moi... je ne sais pas ce qu'il m'a prit...

Je me gratte la tête et voudrais m'enfuir tellement j'ai honte. Mais je ne peux pas faire ça, pas après l'avoir embrassé avec une telle passion. Si je fais ça, inutile de vouloir le revoir. Et dieu sait à quel point j'en ai envie.

Je relève timidement les yeux, toujours aussi embarrassé. Je n'aurais peut être pas dû faire ça. Il ne m'a pas repoussé, mais il n'en avait probablement pas envie. Mais je n'avais pas su résister à cette proximité. Il était si attirant, si désirable. Je m'en rend véritablement compte maintenant, il est irrésistible. Il n'a qu'un mot à dire, et je tombe dans ses bras. Je le vois me sourire doucement, j'espère qu'il n'est pas aussi mal à l'aise que moi. J'espère même qu'il a aimé, parce que je suis prêts à en redemander. Il se racle la gorge avant de me répondre, et je me pince les lèvres, espérant qu'il me dise qu'il avait adoré ça.

▬ Hé .. Tout va bien, t'as pas à t'excuser.

Je lui souris en retour, c'est déjà ça. Je ne sais pas ce qu'il en a pensé, mais il n'a pas l'air en colère. C'est toujours ça. Et au fond de moi, j'espère que nous pourrons recommencer. Je suis déjà certain que je vais rêver de la douceur et la tendresse de ses lèvres durant de nombreux jours. Car c'était de loin le meilleur baiser que j'ai eu depuis... longtemps. Je ne suis même pas sûr que ceux d'Ethan étaient aussi bons. Aussi électrisants et euphorisants. Je crois que ce n'est même pas vraiment comparable. Alors je retire mon masque, pour pouvoir le voir sans barrière. Il est si beau, c'est incroyable. Mon sourire s'agrandit, et je répond timidement.

▬ Merci... pour le compliment. Pour la représentation.

Je me remets à me dandiner sur place. Je sais qu'il est tard, et que malgré toute l'envie du monde, je ne pourrais pas dormir avec lui ce soir. Je dois rejoindre Nathan pour regarder son numéro, et nous avions prévu d'aller boire un peu en suivant. Je le lui avait promis, impossible d'y échapper. Je n'avais jamais espéré tant de la soirée avec Killian, et me voilà bien embêté de le laisser après ce divin baiser. Je me mords la lèvre et plonge mes yeux dans les siens une dernière fois. J'aime ces yeux, mais je crois m'être fait la remarque un bon paquet de fois. Je pourrais mourir de la pire façon qui soit, je serais paisible rien qu'en ayant son regard dans le mien.

▬  Je... il est temps que j'y aille... C'était une bonne soirée.

Je détache mes yeux de ses belles prunelles et m'approche, lui embrassant la joue. Je ne sais pas s'il a aimé être embrassé, alors je préfère ne pas tenter le diable. Et puis, sa joue est toute douce et lisse, agréable à embrasser. Je me mordille les lèvres en imaginant tout le reste de sa beau sous mes lèvres, probablement aussi douce que sa joue. Mais jamais aussi délicate que ses lèvres sur les miennes. Je m'éloigne doucement, le masque entre les mains. Je porte ma main à ma bouche, et me mord les ongles sous l'anxiété. J'espère le revoir rapidement. Je ne veux pas que l'on reste là dessus. Et ce sera à moi de faire le premier pas. Alors je me retourne une dernière fois et lui lance un énorme sourire.

▬  Je t'envois un message rapidement. Promis.

Alors je lui fait un petit signe d'adieu de la main, et m'en retourne vers la scène. Je m'approche du premier rang et regarde Nathan chanter. Mais je ne l'écoute pas vraiment. Je ne pense qu'à Killian. Killian et ses lèvres, Killian et sa voix, Killian et son regard. Killian tout entier, enlacé tendrement contre moi.