[Terminé] Solène Carvelès - Parce que c'est pas tout de savoir qui on est, il faut aussi savoir qui on souhaite devenir.

Histoire

Racontez votre histoire en dix lignes minimum.

Les Érudits. C'est de là que je viens. En fait, j'y étais très bien. J'y trouvais famille, amis et objectifs. Bon, peut-être pas. Famille, peut-on le dire lorsque la seule chose qui nous reliait était la science. On était pas très proches. Ni froids. Simplement, nous étions un peu comme des colocataires qui suivaient une voie commune. Mon frère Chasles m'a montré sa voie il y a deux ans. Erudit, bien sûr. C'était mon modèle, jusque à mon choix. Je ne sais pas d'où venait cette relation, mais je m'en satisfaisais. Faut dire, je n'aime pas particulièrement les marques d'affections - qui, avouons-le, nous mettent bien dans l’embarras devant nos amis.
Enfin, quels amis ? Pas grand monde. Même pas un seul nom me vient à l'esprit.
Sciences, curiosité et rigueur, voilà tout. Voilà tout...
J'y étais très bien malgré tout, je vous l'ai déjà dit. D'ailleurs, mon test m'a donné "Erudit". Alors pourquoi ai-je changé de faction ? J'y arrive.


Nous étions tous là, à la Ruche, mais en un sens, j'étais seule. Seule avec mes pensées. Complètement coupée du monde, je cherchais qui j'étais vraiment. Pour la première fois, je crois. Mais si, j'étais une Érudite. Tout me le confirmait. Puis je réfléchissais à ce que je voulais être. Qui ? La question tournait constamment dans mon esprit. Et je n'avais pas la réponse. Et je perdais pieds, car je déteste l'incertitude.
Mais pour moi, cette question était comme le secret de l'univers. Si importante, si large qu'un seule réponse ne pourrait jamais suffire. Certes, j'étais très bien chez moi. Mais aurais-je mieux à l'extérieur ? Oui, la curiosité d'apprendre pouvait se poser à toutes les échelles. On peut découvrir ce qui sera utile à tous, un médicament, un matériaux ultra-résistant... On peut découvrir ce qui sera utile à d'autres, une formule mathématique, des observations... Et on peut découvrir ce qui sera utile à soi.
Alors que ces réflexions s'imposent à moi, je refais surface. Les sons, tout d'abord. Les murmures. Les cris de joie. Le toucher. Le siège froid. Mes cheveux que j'enroule autour de mon doigt. Les odeurs. Le sang versé. La sueur. Puis les images. Je rouvre les yeux.
Mon attention se tourne aussitôt vers les Audacieux qui accueillent leur nouveau novice, le premier de l'année (je crois, je n'ai pas tout vu) à verser la signature de son être sur les charbons ardents. De nouveau, je ferme les yeux pour me concentrer sur moi-même. Est-ce que je pourrais être chez eux ? Non. Et c'est parce que tromper les certitudes est tellement amusant que je choisis de changer. Je veux devenir plus forte.


Bon, vous avez compris ? Super, parce que moi, j'arrive toujours pas à assimiler le fait que j'ai fait la pire connerie de ma vie.